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Forclusion

1. La forclusion appartient à l’origine au vocabulaire juridique. Elle signifie la clôture d’une action judiciaire dès que l’une des parties ne respecte pas les délais légaux pour accomplir certaines formalités. La partie concernée est exclue du droit de discuter dans le cadre d’un litige, faute de n’avoir pas respecté ces délais ; elle est « a foro exclusio », d’où le mot forclusion. Jacques Lacan a introduit ce terme en psychanalyse. Il traduit ainsi en français le mot allemand Verwerfung, employé par Freud dans son « Extrait de l’Histoire d’une Névrose infantile : l’Homme aux loups » (1918). La forclusion désigne alors le rejet par le sujet de représentations qu’il ne peut supporter. Il leur interdit le droit à la parole.

2. Ce rejet se fait par l’intermédiaire d’hallucinations. Il s’inscrit dans un mécanisme de défense propre, la psychose, maladie mentale où le rapport entre le sujet et la réalité extérieure est perturbé. Le principal texte de Jacques Lacan expliquant ce qu’il entend par forclusion s’intitule « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose ». Il y montre par exemple que la forclusion est un moyen pour le sujet de surmonter la peur de la castration, peur provoquée très tôt chez le garçon par la constatation que la fille n’a pas de pénis.

3 Cependant, la forclusion n’est pas synonyme de refoulement, mode particulier de défense qui maintient des représentations déplaisantes hors de la conscience. Le sujet doit pouvoir les oublier. Alors que le refoulement les rejette dans sa vie intérieure, la forclusion au contraire suppose que le sujet se délivre de ces représentations en les projetant à l’extérieur de lui-même, dans le réel. C’est ainsi qu’apparaissent les hallucinations, propres à la psychose. Le refoulement censure ; la forclusion transforme. Ce qui est refoulé appartient à l’inconscient ; ce qui est forclos appartient à la perception consciente, sous une forme hallucinatoire.