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Fixation

1. La notion de fixation peut être comprise en un sens psychologique ou en un sens psychanalytique. Tous deux sont présents dans l’œuvre de Freud. Pour la psychologie, la fixation est un moment du fonctionnement de la mémoire : d’abord comme inscription d’une trace mnésique, ensuite comme subsistance anachronique de cette trace, lorsqu’un souvenir manque et qu’elle le remplace. Pour la psychanalyse, la fixation est une conséquence des propriétés des processus inconscients ; elle n’est pas fixation d’une représentation, mais fixation de la libido à une représentation, à un objet, à un stade de la sexualité.

2. Tout être humain connaît la fixation, au sens de stagnation de la libido, dans la mesure où elle est la première phase du refoulement : le représentant psychique de la pulsion reste fixé à la pulsion et se voit refuser l’accès au conscient.

3. La fixation est un « refoulement primaire ». Le refoulement proprement dit intervient lorsque ce qui a été refoulé par fixation exerce une attraction sur d’autres représentations et met en danger le conscient en faisant une forte impression sur lui. La fixation permet, dans un premier temps, d’échapper à l’angoisse que provoque l’incertitude quant au destin des pulsions et l’approche du passage d’un stade sexuel à un autre.

4. Quand la fixation n’est pas dépassée, elle devient pathogène. C’est ainsi que des personnes ne peuvent détacher leur attirance sexuelle de leurs parents et connaissent des troubles névrotiques. Dans de tels cas, outre les causes liées à l’économie des pulsions, interviennent des facteurs extérieurs, comme les inhibitions provoquées par la famille et la société, ou la disparition d’un des parents, qui fait reporter tout l’amour de l’enfant sur l’autre. À cela, Freud ajoute des considérations