Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur tome 2, 1860.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
LIVRE XIV.

Nous vous offrons l’alliance avec des dynasties jeunes, vivaces, qu’aucun malheur ne courba jamais. »

Il conclut en proposant aux rois assemblés de payer un léger tribut ; dans le fond, il se contenterait, comme hommage, d’une pincée de poussière.

Tous les regards de l’assemblée s’étaient portés aussitôt sur Micipsa, roi de Babylone. C’était celui qui était réputé le plus sage. On attendait de lui qu’il répondit pour tous ; il se contenta de dire :

« Il n’est assurément personne de nous qui ne connaisse la gloire du grand Arthus. Dites-nous seulement s’il possède beaucoup de ruines.

— Il n’en possède aucune, répondit ingénument Merlin.

— Comment ! reprit Micipsa qui ne put cacher son mépris, et vous osez l’appeler le roi des rois !

— Il est vrai ; ses villes ne font que de naître. Vous ne trouveriez chez lui ni masures ni décombres. C’est un ordre tout nouveau dont rien ne peut donner l’idée. Figurez-vous un fleuve qui s’enrichit de mille rivières. Voilà l’image de son royaume.

— Ce que vous dites, murmura Micipsa, renverse toutes les idées connues. Vous appelez prospérité ce que tout le monde, jusqu’ici, a appelé désolation. Mais enfin, si Arthus est pauvre en ruines, il a du moins, j’imagine, en abondance de la poussière et des cendres d’anciens peuples ?

— Non, dit Merlin ; tout chez lui grandit, se développe. Où il n’y avait qu’un hameau, vous voyez le len-