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LIVRE XIV.

qu’il prit au lacet ; il en fit son régal en secret et celui de son maître.

Quant à la manière de vivre en usage dans cet empire, ils trouvèrent, outre la poignée de cresson qu’ils avaient découvert en Messénie, une laitue en Arcadie, cinq olives dans la creuse Lacédémone, une racine dans le plat pays des Tégéates, une châtaigne d’eau chez les Mantinéens, deux oignons chez ceux de Mégalopolis, un crabe dans l’Argolide, trois escargots dans la Corinthie, sans parler d’un fromage de chèvre oublié par un cyclope, probablement par Polyphème, dans sa cage d’osier franc, à l’entrée des voûtes de Tyrinthe.

Je ne décrirai pas le reste du voyage. Sachez seulement qu’ils goûtèrent partout la même hospitalité. Mais je n’omettrai pas de dire qu’à Sparte ils couchèrent chez Hippolyte, duc de Crète, dans une colonne taillée en auge ; à Mantinée, chez Évandre, duc de Syrie, dans un marécage ; à Mycènes, sur le seuil d’une porte entrebâillée et blasonnée qui conduit à la Maremme.

De là ils n’avaient plus qu’une demi-journée pour gagner les gorges de Némée ; ce qu’ils firent au petit pas, en suivant un ruisseau où se baignaient une foule de fleurs, couleur de flamme, comme autant de feux follets. Le nom du ruisseau et des fleurs m’échappe en ce moment. Voyez Strabon, l. IV, édition d’Oxford.

Ils venaient de gagner le sommet de la montagne. À leurs pieds, ils aperçoivent la multitude innombrable des esprits et génies des ruines qui se pressaient dans le val de Némée. (Figurez-vous la forme d’un stade à