Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur tome 2, 1860.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
LIVRE XIII.

à leur aise. Il est donc vrai que d’autres que moi ont osé contempler ta beauté avant moi. Pourquoi, Viviane, ne suis-je pas le premier être que tes yeux aient rencontré ? Tes froids regards de marbre se seraient allumés au feu de mes regards. Dis-moi que tes lèvres de pierre attendaient mes baisers pour s’ouvrir. Je reste en extase devant les tresses de tes cheveux noués derrière ta tête. Cette tunique légère te donne un air étrange qui me trouble ; c’est toi, à n’en pas douter. Mais c’est toi dans ta première adolescence, quand tu jouais avec les coquillages et les tortues sur le bord de la mer azurée. Promets-moi, si nous nous retrouvons, de reprendre ce costume, ne fût-ce qu’un jour. Tu me dois cette longue éternité perdue avant de te connaître.

XVI

VIVIANE À MERLIN.

Je ne puis aimer, dis-tu ? Témoignez donc pour moi, nuits sans sommeil, tièdes aurores, jours brûlants, larmes cuisantes qui desséchez les fleurs.

Que tu sais profiter, Merlin, des avantages que je t’ai laissé prendre sur moi ! « Je rampe pendant que tu planes. Mon âme de glace ne saurait suffire à une âme de feu telle que la tienne. » Ai-je bien répété