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MERLIN L’ENCHANTEUR.

De l’amour, Viviane, vous n’aimez que le mot ; et je suis étonné, vraiment, que vous ne vous soyez pas éprise d’un songe. J’ai le malheur d’être tout le contraire. Homme, j’aime à la manière des hommes. Faites-vous nonne, Viviane ; rêvez du lis mystique ; l’amour de la terre est véritablement indigne de vous.

Dirai-je encore un mot, Viviane ? Sachez donc que je n’ai eu par vous, auprès de vous, qu’un semblant de bonheur. Dans le moment même où je vous paraissais le plus heureux, je sentais qu’un abîme était entre nous. Je souriais, il est vrai, au bord de cet abîme ; mais je le voyais et je pensais qu’il nous dévorerait tous deux. Voilà comment j’ai vécu. Vous saurez, maintenant, vous expliquer mes soupirs et même ces larmes auxquelles vous ne pouviez trouver de cause.

XV

MERLIN À VIVIANE.
Mois des myrtes.

Eh bien, oui, Viviane, j’aime la gloire. J’aurais voulu entendre mon nom résonner noblement dans la bouche des hommes. Savez-vous pourquoi ? Je suis trop malheureux si vous ne le devinez pas.

Ce n’est pas moi qui démêlerai si vous parlez sérieusement ou ironiquement de mes pèlerinages et du peu