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MERLIN L’ENCHANTEUR.

À ces mots, ses trois compagnons reculent d’horreur. Ils allaient s’enfuir. Merlin se hâle de les rappeler.

« C’est mon père, leur dit-il, mon vrai père par la chair et par le sang. Il demande la paix. Amis, la lui refuserez-vous ?

— À genoux ! dit Turpin ; qu’il tombe à deux genoux !

— Cela n’est pas nécessaire, interrompit le prêtre Jean.

— Au moins qu’il se confesse ! reprit Turpin.

— Paix ! Écoutons. Et toi, monde, fais silence !

— Je me confesse, reprit le pèlerin, au torrent, à la tempête déchaînée, au sable de la mer de Syrie, à la fleur des forêts, au volcan qui brûle encore.

— Pourquoi cela ? demanda Turpin.

— Parce que, répondit le pèlerin, mon cœur est plus impétueux que le torrent, parce que mon âme est plus aride que le sable, parce que mes pensées ont été plus orageuses que la tempête, plus brûlantes que le volcan, parce que mes œuvres sont plus fragiles que la fleur des bois.

— Est-ce là votre Confiteor ?

— N’entrez pas en dispute avec lui, repartit le prêtre Jean.

— Mais quel gage de son changement a-t-il donné ?

— La destruction de l’enfer, répondit le Roi de l’Enfer.

— Écris ce mot, dit Merlin à l’archevêque Turpin ; cela doit te suffire. »