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LIVRE XIII.

gabond. Elles sont la constance même en comparaison de toi.

Qui déploie leurs ailes hors du nid des orages ?

Qui promène leurs cités errantes dans le bleu serein du lac ? Hélas ! combien de fois j’ai voulu m’y précipiter pour te chercher dans ces humides palais de cristal !

Dis-moi, au moins, si je t’aurais rencontré, dans ces demeures fugitives, et si c’est là que tu habites. Elles sont dignes de toi, plus légères que l’écume, plus capricieuses que le flot. Réponds, de grâce, sur ce dernier point ; il n’intéresse que ta science.

XII

VIVIANE À MERLIN.
Rosenlaui, mois des premières neiges.

Me voici dans le chalet abandonné où tu t’es reposé un moment. Au bord du glacier j’ai dessiné sur les vitres des forêts de givre… Des paysages fantasques gravés sur la vitre, et où je cherche une félicité plus fantasque, c’est donc là mon univers ! Que suis-je moi-même pour chercher mon abri dans ces leurres glacés ?

Le voilà, l’hiver ! l’affreux hiver ! Ô Merlin ! quel silence autour de moi ! j’en frissonne. As-tu jamais pensé à la mort ? Moi qui ne puis même y croire, j’en suis tout à coup enveloppée. Ne te reverrai-je plus ?… Quoi !