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LIVRE XIII.

Pourquoi les cascades de Hazli ont-elles hâte de se précipiter ? Et pourquoi leur furie se change-t-elle en sérénité dès qu’elles ont touché l’abîme ?

Pourquoi les rochers sont-ils si blêmes quand ils se penchent sur le gouffre ? D’où vient cette pâleur subite ? Ô Merlin ! qu’ont-ils vu dans l’insondable ?

Surtout, enseigne-moi, ô maître ! pourquoi l’embûche est tendue ici parmi les fleurs ? Dis-moi pourquoi la terre s’entrouvre tout à coup jusqu’à l’Érèbe, sous les bocages parfumés du Kirchet ? Je me suis attachée au tronc branlant d’un sapin à demi déraciné. Penchée sur le précipice, j’ai vu les pâles galeries souterraines surplomber l’une sur l’autre. J’ai cru entendre suinter l’Aar. Mais non ! son mugissement, perdu dans le gouffre maudit, ne pouvait arriver jusqu’à moi. Est-ce la vision de l’enfer ? Je n’ai fait que l’entrevoir ; toute mon âme y est restée plongée. Aide-moi à en sortir.

XI

VIVIANE À MERLIN.
Tour de Resti, mois des myrtilles.

Sans pensée, sans prévoyance, je vis ici dans une stupeur continuelle qu’augmente tout ce que je découvre. À mesure que j’avance, les choses que je croyais les