rient aujourd’hui, pauvres orphelins de la justice ! Alors Orion, après avoir tiré son glaive, le remettra dans le fourreau. »
Parmi les peuples qui interrogeaient Merlin, il y avait des hommes de tous pays, de toutes langues, de toutes races. Il parla à chacun dans son langage natal, selon ses coutumes, de manière à les convaincre tous qu’il connaissait leurs véritables intérêts, mieux qu’ils ne faisaient eux-mêmes. Aux habitants des îles il parlait de la fée Alcine ; aux Français, de la fée Morgane d’Avalon ; aux Allemands, des femmes des eaux et du roi des Aulnes ; aux Africains, du géant des tempêtes, Adamastor ; aux Espagnols, de don Juan de Tenorio ; aux Anglais, de Robin Hood ; aux Italiens, de l’Hippogriffe de Ferrare dont il faisait le plus grand éloge ; aux Roumains, de Dokia ; aux Dalmates, des vampires ; aux Serbes, de Marco.
S’il avait affaire à des peuples chasseurs, il parlait du cor d’Obéron ; si à des peuples pasteurs, de farfadets ; si à des laboureurs et à des toucheurs de bœufs, il parlait de gnomes ; si à des pêcheurs et icthyophages, d’esprit follets et ondins ; si à des mineurs, de cobolds. Bref, il savait s’accommoder aux usages, aux mœurs, à l’industrie de quiconque s’adressait à lui. Tous étaient étonnés de le voir si bien instruit de leurs aïeux, de leurs besoins, de leurs lois, de leurs genres de vie ; ils furent remplis d’espoir.
« Ainsi, lui dirent-ils, les patries sont encore quelque chose pour vous, seigneur Merlin ! même dans les