menti, ses paroles ne sont que feintes. Avec lui ont péri ses enchantements. »
« Et moi je vous dis : « L’enchanteur est debout ! et il vous foule du pied. Pauvres roseaux, qui vous a faits si fragiles ? »
« Jeunes filles, qu’est devenu votre orgueil ? Combien de fois vous m’avez refusé même un sourire, pensant : « Il n’est plus jeune, c’est un vieil enchanteur ! »
« Et vous preniez la démarche des serpents, tandis que moi j’allais, le cœur pesant, m’asseoir à l’écart, au bord des mares, loin de la fête. Qu’avez-vous fait de votre orgueil ? J’ai retrouvé le mien.
« Roses des bois, fleurs du printemps, vous ricaniez, quand je passais, et vous disiez : « Sa couronne est tombée, son parfum est flétri ! » répondez-moi. Qu’avez-vous fait de votre printemps ? Le mien recommence.
« Coupes qui circuliez dans le banquet à la fête du glaive, vous vous disiez : « Nous sommes encore pleines jusqu’aux bords, et lui ses jours sont taris. »
« Coupes fragiles, qu’est devenue votre ivresse ? Le vin de l’Éternel enivre encore ma coupe.
« Harpes qui retentissiez sous les doigts des Bardes, qu’avez-vous fait de vos accords ? Où sont vos échos dans la salle déserte ? Ma harpe résonne ici ; c’est vous qui vous taisez.
« Je sais une chanson à faire fendre les cieux d’envie et tressaillir la grande mer. »
À ces mots du prophète, la mer se prit à rire et toutes ses vagues étaient vertes de colère.