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MERLIN L’ENCHANTEUR.

IV

VIVIANE À MERLIN.
La Tranclière, mois des églantiers.

Voici, Merlin, ce qui vient de se passer près du village qui vit naître Turpin, et que j’ai voulu visiter à cause de lui ; il faut absolument que tu en sois prévenu.

L’endroit étant fort giboyeux, plusieurs seigneurs et chevaliers ont fait ici une partie de chasse avec ma marraine ; gens fort singuliers, il est vrai, pleins de prétentions extravagantes et qui me seraient déjà insupportables à ce titre seul, s’ils ne l’étaient d’ailleurs par toute leur personne. Je suppose que ce sont d’anciens seigneurs ruinés qui abusent de la bonté de ma marraine, Diane de Sicile, pour se glisser dans sa suite et dévorer sa fortune déjà fort entamée.

Figure-toi, parmi eux, un chevalier déjà sur l’âge, aux cheveux d’or bouclés, si tant est que sa chevelure soit à lui ; grand d’ailleurs, bien fait, la lèvre dédaigneuse, toujours un arc à la main ou une cythare, au reste le plus fat des êtres ; il s’appelle Phébus.

Il en profite pour débiter les choses les plus sottes, par exemple qu’il a conduit autrefois le soleil dans un