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LIVRE XVI.

— Hâtons-nous, sire, » dit Merlin.

À peine débarqués, ils étaient repartis sans même s’être rafraîchis du verre d’eau accompagné de fruits confits que leur présenta un icoglan. Tous étaient montés sur des chameaux. Euphrosine seule avait choisi une blanche haquenée. Ayant cheminé dix jours à travers le haut pays, ils atteignirent dans un lieu désert l’abbaye du prêtre Jean. De loin, l’architecture frappa Merlin d’étonnement. Car il y régnait un mélange incroyable de pagode, de temple grec, romain, de synagogue, de mosquée, de basilique, de cathédrale, sans compter une foule presque innombrable de marabouts, de minarets, de chapelles bysantines et gothiques, qui donnaient à ce monastère l’aspect d’un panthéon moderne ouvert à toutes les religions du monde.

« Attendez, dit le roi du désert, qui jouissait de la surprise de Merlin. Ne condamnez pas ce goût bizarre ayant de m’avoir écouté. »

Comme ils s’étaient assez rapprochés pour juger des moindres détails, ils s’arrêtèrent sur un petit tertre en face du portail. Le roi du désert reprit :

« Chaque jour de la semaine a sa fête particulière dans cette abbaye. Le lundi est à Brahma, qui est le plus ancien, le mardi à Boudha, le mercredi à Wischnou, le jeudi à Jésus, le vendredi à Allah, le samedi à Jéhovah ; c’est pourquoi vous trouvez ici dans le même cloître une pagode, une synagogue, une mosquée, une basilique, une cathédrale. Quant au dimanche, le prêtre Jean réunit tous les cultes en un seul. Ce jour-là, il