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IX

Concilier toutes les légendes en les ramenant à une seule, trouver dans le cœur humain le lien intime de toutes les traditions populaires et nationales, les enchaîner en une même action sereine, relier entre eux les mondes discordants que l’imagination des peuples a enchantés, c’est là ce que j’ai osé entreprendre.

Un vrai système du monde serait celui qui rendrait compte de chacun des faits de l’ordre physique. Une vraie conception littéraire serait celle qui trouverait l’harmonie de tous les faits du monde idéal ou imaginaire, et les réunirait en un même drame assez vaste pour les contenir sans effort.

Nous avons devant nous une grande lyre dont les cordes ont été détrempées et faussées par le temps ; il s’agit d’y remettre l’accord.

Pourquoi les Français qui ont créé au moyen âge les plus vastes inventions n’en seraient-ils plus capables ? Pourquoi devraient-ils se résigner à ne produire que des fragments ? D’où viendrait cette condamnation ? Sur quoi appuyée ? Pourquoi