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LIVRE II.

plaisant, droiturier, meilleur que vous n’imaginez ; vous m’en remercierez. »

Il avait, en effet, averti le roi des justes, Arthus, de se tenir prêt à recevoir le plus beau des royaumes. Arthus attendait avec toute sa cour à l’ombre des bois touffus de Vincennes. C’est Merlin qui lui ouvrit les portes et lui tendit les clefs de la ville sur un plat de vermeil. Il lui présenta aussi un drapeau brodé et déployé qui pouvait ombrager au besoin tout le menu peuple. Couvert d’un manteau de martre zibeline, le roi des justes, chevauchant sur un palefroi bai, ferré d’or, caparaçonné de soie, fit son entrée dans la ville, au son des cloches et des olifants. Il avouait n’avoir jamais vu un royaume garni de gens qui fût tant à son gré.

« Paris ! Paris ! répétait-il tout bas, c’est la meilleure de mes trente couronnes. Je vous la dois, Merlin ; vous me conseillerez. »

Et il ne se sentait pas d’aise de voir la foule lui répondre par des acclamations qui montaient jusqu’aux nues. Couronné à Notre-Dame, il visita le Louvre, la Bastille, la cabane de Geneviève : tout lui parut à souhait.

Merlin lui dit, en lui tendant la main de justice :

« Si quelque chose vous semble à reprendre, dites-le, mon roi. Ces peuples sont tout neufs, mais ils sont inconstants, légers de cœur plus que feuille légère. J’en appréhende quelque ennui ; je pourrais encore, je crois, les corriger.

— Par le fils de Marie, répondit Arthus, n’en faites