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MERLIN L’ENCHANTEUR.

mais les trois quarts sont fausses. Attachez-vous au petit nombre qui sont justes.

— Mais l’avenir ? interrompit Fantasus avec exaltation.

— L’avenir, répondit Merlin avec calme, je puis en parler, puisque je suis son messager. Eh bien, Fantasus, sois sûr qu’il n’arrive pas dans le monde avec tant de fracas que tu supposes. Il n’est pas toujours sur le trépied, comme tu te le figures. Il n’est pas toujours dans le buisson ardent, ni sur la montagne au milieu des éclairs. Crois-moi, mon ami ; le plus souvent, il vient sans qu’on le voie ; il se glisse, il arrive, il est là, il règne, et tout cela sans le faste et le coup de tonnerre que tu t’imagines.

— Voilà quelque chose de bien misérable ! repartit Fantasus indigné. Est-ce donc là le poëte, le devin dont j’avais tant ouï parler ? Quelle pitié, grands dieux ! quel mécompte, sitôt qu’on approche des prophètes ! Et pour qui me prend-on de vouloir me ravaler à une cité pareille ? »

Sur cela, il se retira plein de colère, mais personne ne le suivit.

XI

La foule des sages qui était demeurée s’écria alors :

« Ô Merlin, donnez-nous aujourd’hui le dernier mot de votre doctrine.