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MERLIN L’ENCHANTEUR.

En parlant ainsi, ils arrivèrent avec la bergère à l’entrée de sa cabane située sur le sommet du mont ; le toit en était couvert de chaumine et de mousses entremêlées de liserons blancs, qui retombaient sur la chétive muraille. Un peu de pain noir, du lait de brebis dans une écuelle de terre, quelques bouquets de noisettes encore attachées à la branche, des nèfles dans une corbeille faite de la moelle des joncs et du sureau, c’était là le trésor de la vierge ; elle en couvrit une natte de paille.

Après avoir bu et mangé à loisir, nos hôtes se retirèrent. Comme ils étaient sur le seuil, ils se retournèrent encore une fois, et ils virent une auréole briller autour de la tête de Geneviève. Cette gloire, toujours grandissante de cercle en cercle, ceignit d’un bandeau sacré de pourpre, d’opale et d’incarnat tout l’horizon, de Meudon à Nanterre, de Nanterre à Surènes, de Surènes à Saint-Denis. Il n’y eut là personne qui n’en marquât le plus grand étonnement, à la réserve de Merlin. Pour lui, il semblait s’y complaire, comme dans une œuvre de ses mains ; il ne fit qu’en sourire. Le chien en poussa un long hurlement.

VIII

On ne voyait alors dans la banlieue que bonnes gens semant la justice, récoltant la joie. Par cent portes en-