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MERLIN L’ENCHANTEUR.

coudrier et dispersa les bœufs sauvages ; ceux-ci s’enfuirent en mugissant ; après quoi, il revint vers ses compagnons.

« Maître, lui dirent-ils en le revoyant, faites-nous ici le plan d’une cité toute neuve.

— Volontiers.

— Mais que ce soit aujourd’hui, avant ce soir ; demain serait trop tard.

— Quoi ! toujours si impatients ! » répondit Merlin. Cependant, s’étant baissé, il traça sur la terre le plan de la ville neuve et lui donna le nom de Paris, au lieu de celui de Lutèce qu’elle portait avant lui. De plus, il en posa les fondements, bénit la première pierre, traça les murs, dessina les portes, arrondit les bastions, baptisa les rues, choisit les pavés ; bref, il voulut en faire une cité de lumière, l’hôtellerie de l’univers.

Après avoir repassé la rivière dans un batelet, comme il se frayait un sentier, non loin des Thermes, un merle siffleur, échappé des broussailles, jeta un cri. À ce cri, l’enchanteur lève les yeux ; il voit à l’entrée de la clairière une bergère qui filait sa quenouille en gardant un troupeau de moutons. Son chien au long poil était tout auprès d’elle, couché sur l’herbe neuve et lui léchait les pieds.

« Qui est-elle ? demanda Merlin à celui qui se tenait le plus près de lui.

— Eh quoi ! ne la connaissez-vous pas ? c’est Geneviève la bergère. »

Alors Merlin s’approcha d’elle, et la vit pleurer ; car