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MERLIN L’ENCHANTEUR.

moineaux effrayés qui s’abattaient bruyamment sur un pommier en fleurs. À ce bruit, Merlin tourne la tête ; la brume, dont la terre était enveloppée, venait de s’éclaircir au premier souffle du jour ; elle laissa voir un petit village de chaumine, ramassé au milieu de l’îlot sous le massif frissonnant des aunes. La fumée des cabanes se perdait dans l’air bleu avec la vapeur matinale qu’un beau rayon d’automne achevait de dissiper.

« Quel lieu plaisant ! s’écria l’enchanteur, et que je voudrais y aborder ! »

Or il y avait justement tout près de là un bûcheron qui venait de couper sa charge de ramée, et il se préparait à entrer dans une barque ; déjà il détachait la corde de chanvre par laquelle elle était liée au rivage.

« Prenez-nous avec vous, cria Merlin.

— Volontiers, » dit le paysan.

Merlin et Viviane s’assirent en souriant dans le fond de la barque, sur la ramée amoncelée.

« Quel est ce fleuve ? dit Merlin.

— La Seine.

— Et ce village ?

— Lutèce ! »

V

Une enceinte de palissades aiguës pour s’abriter contre la terreur nocturne des forêts inconnues, une