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LIVRE I.

— Que ton nom soit écrit à la voûte des cieux ! dit Merlin en prenant l’anneau vermeil.

— Eh bien, regarde ! »

À ces mots, les cieux s’ouvrent comme un livre ; on y voit écrit en lettres d’or par sept étoiles : Viviane.

Ainsi Merlin, en se sentant aimé et en aimant devint Enchanteur. Depuis ce moment tout ce que ses yeux rencontraient se trouvait ensorcelé. La rosée, sous ses pas, se changeait en diamants ; il n’avait besoin que de toucher une chose pour qu’elle devînt immortelle. De chaque objet, comme d’une lyre, sortait un hymne sacré qui l’enivrait. Dès que Merlin et Viviane paraissaient dans les bois, aussitôt, dans une cadence merveilleuse arrivaient des dames, des damoiselles, des héros vêtus de pourpre, qui les accompagnaient en se tenant par la main. Les uns dansaient, les autres chantaient, et leurs voix étaient si douces, qu’on croyait entendre les anges. Le refrain était :

Tout est divin !
L’amour commence !
Puis vient la fin :
Douleur immense !

À leurs pieds naissaient des fleurs, qui s’épanouissaient au souffle de la mélodie ; elles avaient autant de feuilles diaprées autour de leurs calices qu’il y avait de vers dans le refrain de la chanson. Des bocages de clématites s’étendaient sur la tête de Merlin dans les endroits où il n’y avait auparavant que la roche nue et