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LIVRE XII.

moi, mon ami, d’apprendre l’alphabet, comme je t’en ai prié tant de fois. Pour aujourd’hui, fais quelques entailles sur ton bâton de noisetier, afin de te rappeler plus tard, sinon le tout, au moins les principales circonstances de ce que tu viens de voir. »

Ce jour-là, Jacques promit solennellement d’apprendre à lire et à écrire ; il en sentit, pour la première fois, la nécessité. Mais les temps changés, il oublia ce qu’il avait promis. Voyant cela, Merlin soupirait et disait :

« Que les hommes sont rares, Jacques, plus rares encore que les dieux ! »

VI

« Moi seule resterai-je abandonnée ? » Ces paroles s’échappèrent d’une ruine qui dominait le rivage ; elles étaient prononcées par une jeune fille qui s’obstinait à chercher un objet perdu dans les décombres d’un palais. Vous l’auriez crue elle-même égarée, tant sa recherche était ardente et vaine.

La belle chercheuse était nue et sans aucun voile.

« Sa beauté est son vêtement, dit Merlin à Jacques. Reste ici en arrière, puisque tes yeux encore grossiers ne voient pas quelles draperies l’enveloppent. Moi seul je monterai vers elle ; moi seul j’affronterai les regards