Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur, 1860.djvu/444

Cette page a été validée par deux contributeurs.
432
MERLIN L’ENCHANTEUR.

ailes d’archanges, ont été plus prompts que moi, je ne m’en affligerai pas.

— Les connais-tu, toi qui arrives si tard, lui répondit Prométhée en montrant de la main les deux archanges qui achevaient de briser le dernier anneau de fer ?

— Ils ne sont pas de ma légion, dit Merlin. Mais tu peux sans crainte aller où ils ont hâte de te conduire. Nous allons tous au même but. »

À ces mots le titan s’éloigna en suivant à grands pas les deux archanges sur les cimes ; et, à mesure qu’ils montaient, ceux-ci essayaient leurs ailes, comme pour prendre leur essor. Alors, au haut des cieux, on entendit des voix qui chantaient le Gloria in excelsis. En même temps, un bruit de frôlement d’ailes agita l’air, comme lorsque des troupeaux de grues cherchent, le soir, où se reposer ; à peine elles ont rasé la terre, elles repartent en tumulte. Ainsi les docteurs de la loi, les saints couronnés d’auréoles, portés sur les nues, penchèrent la tête pour voir la délivrance du titan. Ils semaient des fleurs célestes qui retombaient en pluie sur les cimes argentées de neige. La cloche d’un monastère se fit entendre ; à son tintement se mêlèrent l’Ave regina cælorum et l’Alleluia. Le titan y répondit d’une voix formidable par un hymne d’Orphée, qui fit tressaillir les bois sacrés. Merlin, debout à l’endroit où le rocher avait été usé par les flancs de Prométhée, répondit à son tour, au cri de la terre et du ciel, par une triade druidique.

Cependant, à la vue des archanges, Jacques était