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LIVRE XII.

Merlin ; croyez-moi, si je désire voir, moi vivant, le règne de la justice, c’est dans votre seul intérêt.

— Nous vous croyons, répondit Jupiter ; il est certain qu’à la vue de certaines iniquités, si elles duraient, Jupiter ne pourrait plus croire en lui-même. »

À ces mots, Merlin salua une dernière fois les immortels, qu’il laissa également ravis de sa bonne grâce et de sa magnanimité ; pendant qu’ils allaient tout émus se blottir sous des buissons de myrte, il prit un petit chemin bordé de platanes, fréquenté le plus souvent par les tortues.

IV

« Le bon Prométhée vit-il encore ? » s’écria-t-il en se retournant, confus d’avoir adressé si tard cette question aux dieux ? Toutefois, ils l’entendirent ; l’écho répondit :

« Encore ! »

Merlin apprit non-seulement que le Titan vivait, mais que son supplice n’avait fait qu’empirer, à ce point que personne ne pouvait en prévoir la fin.

« Certes, pensa-t-il en lui-même, je ne quitterai pas ces lieux sans avoir mis un terme à de si grands maux. »

Et comme un voyageur qui s’aperçoit trop tard qu’il a oublié de donner leur salaire à ses hôtes, il revint sur ses pas en grande hâte, et fit rougir les immortels