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MERLIN L’ENCHANTEUR.

sayer les chalumeaux de Pan qui les lui prêta volontiers ; et il fit résonner sur l’instrument du plus ancien des dieux, les airs les plus nouveaux de son hameau. Le succès l’enhardit ; il osa s’élancer et chevaucher à crû sur un centaure qui s’était rangé près de lui, pour le mieux écouter. Mais le centaure, avec un hennissement de surprise, le souleva dans ses bras, et le jeta pantelant sur l’herbe fleurie. À ce spectacle, les gros rires épanouis de l’écho couvrirent le murmure poli des dieux, si bien que Merlin dut rappeler son serviteur :

« Excusez-le, grands dieux, il ne vous connaît pas.

— L’excuser, Merlin ! et pourquoi ! Nous aussi nous aimons la joie ingénue. Le rire offense-t-il vos dieux nouveaux ? »

III

Ces propos et quelques autres abrégèrent la journée, que les dieux et les hommes trouvèrent trop rapide.

Un point restait à régler, la nourriture, dont les immortels se montraient fort inquiets. Merlin promit de leur ôter ce souci. Chaque matin, ils trouveraient à un endroit aisé à reconnaître qu’il leur désigna, un peu de miel, des baies de myrtille, trois ou quatre olives et même, aux jours de fête, un grain d’encens. Voilà pour les grands dieux. Les petits en auraient justement la