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LIVRE XI.

tibles. Voilà donc comment elle portait alors ses cheveux noués en tresse derrière la tête ! Où étais-je ? que faisais-je ? Que ne l’ai-je vue ainsi, couronnée de ce bandeau ! »

Après un instant de silence, il reprenait avec un soupir :

« Il lui manque encore ici je ne sais quelle flamme. Ah ! il est aisé de voir qu’en ce temps-là elle n’avait pas encore aimé. Sans doute, ses jours se passaient chez sa marraine, dans une tranquille indifférence. Est-ce à moi de m’en plaindre ? »

Dans cette sorte d’extase, une seule chose le remplissait à la fois de surprise et de confusion : c’était de voir que les statues de Viviane étaient, à vrai dire, nues comme l’enfant qui vient de naître. Les plus voilées portaient à peine une tunique légère que le vent semblait agiter encore.

« Comment, reprenait notre enchanteur, pareille inadvertance a-t-elle été possible ? Il est de toute évidence que Viviane ne s’est point prêtée volontairement à un art aussi indiscret, à moins que, toutefois, l’on n’ait abusé de son extrême innocence. Il faut donc que les artistes, auxquels rien n’est sacré, l’aient aperçue lorsqu’elle se baignait, à l’approche des ténèbres, dans quelque ruisseau argenté, voilé de platanes comme il y en a dans ce pays, ou peut-être encore lorsqu’elle dormait, ainsi qu’elle a coutume, dans les tièdes nuits d’été, sous la garde des étoiles, dont la vigilance aura été trompée en cette occasion. Il n’est pas moins certain