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LIVRE XI.

grands vont s’abriter dans leurs villas contre le souffle brûlant du midi.

Après avoir parcouru la campagne romaine dans toutes les directions sans y avoir vu un être humain, il finit par rencontrer sous un aqueduc trois bergers vêtus de peaux qui gardaient un troupeau de buffles. Il s’approcha d’eux avec précaution, car leurs chiens s’élançaient avec fureur contre lui. Mais ils les rappelèrent en sifflant. Alors Merlin monta vers eux et leur dit :

« Tenez, prenez ces quatre ou cinq deniers et conduisez-moi vers l’ordre du sénat. Vous savez où habitent en ce moment Lucius Catellus, Marius Lepidus, Melellus Cotta et Quintus Carutius ; sans nul doute, vous êtes leurs esclaves.

— Nous, leurs esclaves ! répondit l’un des bergers. Nous sommes précisément ceux que vous cherchez. Moi, je suis Caius Catellus, ceux-ci que vous voyez sont Marius Lepidus et Metellus Cotta. Quant à Quintus Carutius, il est engagé pour la moisson à deux deniers par jour. »

Merlin, un peu interdit de sa méprise, s’excusa d’abord sur la simplicité des champs, il reprit aussitôt :

« Vous saurez ce qui m’amène, quand vous m’aurez montré l’empereur.

— Il faut donc l’appeler, dit un berger, car le voilà sur un pan de mur, qui joue de la musette, au milieu de ses buffles. » Puis il l’appela à grands cris.

Le pifferare arriva, se campa fièrement sur ses deux