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LIVRE XI.

tombaient de leurs lèvres appartenaient à la langue des morts, nul vivant ne pouvait y répondre. Ce qu’il y avait de plus effrayant, c’était le vide retentissant de leur intelligence, en sorte que rien ne donnait mieux l’idée du sépulcre de l’esprit.

Les mages, les devins, les anciens d’âge et les puissants du monde se regardèrent et pâlirent en même temps. Seul, le docteur Blasius ne s’avouait pas encore vaincu ; il s’écria, en s’adressant à la foule : Venite, populi ! Ces paroles parurent étranges et ne furent comprises par personne. Il eut alors la pensée d’évoquer quelque génie enchaîné dans les livres des docteurs. Plusieurs fois, il répéta sa formule d’évocation. Le ciel en colère resta fermé pour lui. Aucun esprit n’apparut, la terreur le saisit à son tour.

« N’ayez peur, Blasius, dit Merlin, je vous pardonne ; mais laissez là votre ancien art et pratiquez le nouveau. »

À ces mots, il sortit. Sans colère et sans fiel, il souffla sur les bûchers ; les bûchers s’éteignirent. Porté par des ailes invisibles, il rasait le sol. Quant à ceux qui auraient voulu lui fermer la voie, ils ne pouvaient même ramper.

III

Cependant, de la terre et du ciel, tous les esprits qui obéissent à l’enchanteur, en quelque lieu qu’ils se trouvassent, s’étaient ébranlés à la fois pour venir à