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LIVRE XI.

Cependant, ils vinrent le prendre dans sa prison, et ils voulurent se faire de lui un jeu avant de le mettre à mort. Voilà pourquoi ils le conduisirent, la hart au col, au milieu des huées, jusqu’à la terrasse élevée du Capitole, d’où ils espéraient le montrer enchaîné à toute la terre.

« Triomphe ! triomphe à Merlin, criaient-ils. Allons, Merlin, renie-toi, comme nous avons fait tous. C’est ici ta voie Sacrée. »

Merlin sentit qu’ils parlaient et agissaient ainsi par lâcheté de cœur et vilenie plus que par méchanceté noire. Il ne put encore les haïr.

Les cloches sonnèrent un glas, et le jour baissait. Alors ils l’entraînèrent vers la roche Tarpéienne pour l’en précipiter (mais la roche se trouva trop basse à leur gré) ; de là, aux égouts de Tarquin (il les purifia d’une haleine) ; de là, au Colisée (ils eussent désiré le livrer aux lions, mais les lions étaient rassasiés). Voyant cela, ils le jetèrent dans les catacombes, où ils espéraient qu’il serait enseveli vivant, sans qu’ils eussent besoin de le tuer de leurs mains. Merlin retrouva son chemin dans le noir labyrinthe ; il reparut à la lumière du jour, devant la meute aboyante de ses ennemis.

Et du jardin du mont Palatin au Janicule, du Viminal à la porte Colline, partout où il jetait les yeux, il voyait une tombe fraîche ouverte. Jacques aussi en creusait une en sifflant, pour flatter les fossoyeurs.

« C’est trop, lui dit son maître en passant. Celles