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MERLIN L’ENCHANTEUR.

glissé dans sa prison, et restait debout vers un prie-Dieu.

« Mon fils, dit-il, l’enfer vient encore à toi, puisque le ciel t’abandonne. »

Merlin, à cette voix, tourne la tête, il a reconnu son père déguisé sous le capuce.

« Vite ! vite ! mon fils ! je puis encore te sauver, suis-moi par cette rampe et prends ma main. Mes chevaux hennissent dans la cour. Viens donc, âme obstinée ! pas un moment à perdre !

— Non, mon père, ce n’est pas par vous que je veux être sauvé.

— Par qui donc ?

— Par moi !

— Ainsi, tu me refuses à ce moment suprême ?

— Oui.

— Eh bien ! soit, je suis du moins curieux de voir comment tu te rachèteras par ton propre génie. Essaie, mon enfant ! Tiens, regarde, vois-tu le sommet de ce chapiteau ? c’est là que je vais m’accroupir. De là, je verrai tout, caché sous le masque de pierre de ce ténébrion à trois gosiers qui rampe au haut de la colonnette ; si tu as besoin de moi, je serai là, cher fils, entends-tu ?

— Encore une fois, mon père, je veux me sauver ou me perdre moi-même. »

Pendant que l’incube allait s’asseoir au haut du chapiteau, parmi les salamandres et les goules de granit, Merlin chercha sa harpe autour de lui, pour fortifier