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LIVRE X.

« Ô batelière, vous ne désirez plus rien. Mais, moi, que mon cœur est altéré d’une soif étrange ! Je n’ai pas encore baisé une fois votre joue vermeille.

— Un moment, dit-elle, je voudrais voir à mes pieds le lion rugissant qui court dans les sables.

— Batelière, batelière, voici le lion à la crinière épaisse. Il se couche à vos pieds. Déjà son rugissement a fait trembler à la fois Zante, Cérigo et Candie. Payez-moi, maintenant, d’un baiser, oui, d’un long baiser de vos lèvres.

— Attendez, seigneur, un souhait encore ! Ce sera le dernier. Je voudrais votre anneau magique.

— Tenez, » lui dit-il.

Et son anneau magique, Merlin l’a ôté de son doigt, et il le lui a donné.

Nella l’a jeté, en riant, dans la mer sans fond ; et maintenant l’enchanteur est resté seul, dépouillé, pleurant sur la rive déserte.

Il regarde les vastes palais qui se mirent au fond des eaux dormantes. Les roseaux moqueurs l’insultent en sifflant.

VII

Tout sage qu’il était, notre héros pouvait donc entasser fautes sur fautes ? La dure expérience le lui avait assez montré. Cette découverte lui eût ôté l’ancien or-