Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur, 1860.djvu/331

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LIVRE X

MERLIN ENCHANTE LES ALPES ET LE JARDIN D’ITALIE


I

Où fuirai-je le bruit des haines, l’écho hargneux des reproches empoisonnés, les paroles de sang, les grincements de dents ? Je monterai sur cette cime herbue du Noirmont tapissée de sapins, ou plutôt sur le pic dentelé qui se dresse pour fermer le Léman ; et si mes pieds ne peuvent m’y porter, je m’envelopperai de l’ombre traînante au pied des tours trapues de Chillon.

Ici, dans un âge de pierre, ma conversation est avec les rochers amassés sur ma tête. Seul, oublié, enseveli, j’ai fait amitié avec eux. J’ai compris leur langage, ils comprennent le mien. Quand mon cœur est près de