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MERLIN L’ENCHANTEUR.

et de Brocéliande en avaient été presque dépeuplées.

Quand vint le jour des bonnes gens, Arthus, le premier, se plaça au milieu de la table, sur un siége de jonc verdissant, sous un dais de lames d’or qui traînaient jusqu’à terre. Deux coussins de satin rouge étaient à ses côtés. Pensif, il attendit, la tête appuyée sur son coude. Déjà il avait débouclé sa targe fleurie, délacé son heaume, ouvert sa visière jusqu’au nasal, désireux de manger.

Neuf rois couronnés arrivèrent les premiers ; c’étaient ses fidèles. Perceval les suivit avec son fils Lohengrin ; après eux, Odi le Frank, Tristan, puis Hoël, roi d’Armorique, Lancelot, Geoffroy de Montbrun, Yvan et Yvanet, le faucon sur le poing pour oiseler, Giffret, le petit roi de Poitou, le bon Mélian de Montpellier, cousin du chef des Bourguignons, Brut le Truand, Giron le Courtois, Olivier de Verdun, le comte Ganekin de Boulogne-sur-Mer, Isaie le Triste, Hugon, Ermelin, Ysembart, beaucoup d’autres encore ; tous s’excusant du retard, sur la forêt ténébreuse, sur le val bruyant, sur le mont dolent, les sentiers perdus, les destriers fourbus, les grandes aventures, et aussi sur les pays lointains, car plus d’un arrivait du bout de la terre ; celui-là de Jutland, cet autre de la mer de Syrie. Titurel le Pieux venait de Grenade.

Les rois, les chevaliers s’assirent, chacun sur une escabelle de pierre, à de longs intervalles, laissant entre eux la place pour des peuples entiers. Derrière eux, plantées en terre, leurs lances déroulaient sur leurs