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LIVRE IX.

loux manquaient, le tronc des chênes en tenait lieu. Sur ces pieds maçonnés, profondément enfouis en pleine terre de France, s’étendit la table de pierre, en mosaïques artistement polies à gros grains, d’ailleurs vaste, commode, ouverte à tous, quasi infinie. Des crampons de fer, forgés par Merlin en Armorique, raccordaient les jointures et les jambages.

Point de nappes, ni de Bruges, ni d’Anvers, brodées de dentelles. Où s’en fût-il trouvé de suffisantes ? Jacques se chargea de faire un treillis de paille de froment ou d’avoine. Ce serait pour les rois ; les peuples s’en passeraient. De grands siéges de pierre, quelques-uns arrondis au tailloir, la plupart non dégrossis, rangés en cercles, marquaient la place de chacun.

Pour le jour du festin, le roi Arthus prêta, outre son sénéchal, ses échansons, ses panetiers, ses nègres. Tous sur des chevaux caparaçonnés allaient, venaient, couraient, au galop gaillard. Les échansons portaient des plats de vermeil, les nègres, couleur d’ébène, tenaient dans leurs mains des hanaps, des amphores, des aiguières pour laver, et des cruches d’albâtre regorgeant d’un vin rouge écumant. C’était un don gratuit de ceux de Bourgogne et du Roussillon. Kay, le sénéchal, posait les coussins et les tabourets à la place des rois.

Mille bœufs engraissés ; la moitié blancs, la moitié noirs étaient étendus sur les plats d’argent massif ; alentour, dix mille sangliers, force chevreuils, cerfs et daims sur les plats de vermeil. Les forêts des Ardennes