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MERLIN L’ENCHANTEUR.

fis bientôt un vaste monceau que j’enveloppai d’écorces d’arbre, et je chargeai le tout sur le dos de mon cheval.

« Depuis ce moment, craignant d’aventurer mon trésor, je n’ai guère fait de séjour parmi les hommes. J’ai continué de vivre sur le haut des rochers, avec les petits des aigles et des gypaëtes. Quand le jour vient, je déroule à l’entrée de ma grotte mes parchemins sacrés ; je les épelle. Quelquefois je dessine à la marge des oiseaux et des fleurs. Ma science ne va pas jusqu’à comprendre ce que renferment ces parchemins. Je me contente de les regarder et de veiller sur eux l’épée au poing. Mais aussi quelle écriture ! Ce ne sont pas les hommes de nos jours qui feraient rien de semblable. Vous seul, Merlin, pourriez les imiter. »

IV

Turpin donna ainsi à notre enchanteur le plus grand désir de voir son trésor. Il y avait au bord du chemin une prairie qui descendait en pente. Nos voyageurs s’y arrêtèrent.

Turpin détacha de son arçon les rouleaux de parchemin et les étala sur l’herbe nouvellement fauchée. À peine Merlin y eut attaché ses regards, il se jette au cou de Turpin, et, les yeux pleins de larmes :