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MERLIN L’ENCHANTEUR.

craindre, sinon que le ciel tombe sur sa tête. Nul n’aura à envier dans ce parcours l’oiseau qui va où il lui plaît, ni le renard qui a son terrier ; étant de plus approuvé d’un chacun, que le seigneur sera partout comme le pasteur avec ses brebis, et que le roi ou prince, toujours débonnaire, veillera comme le chien à la garde du troupeau. De plus, aucun mécréant ni larron n’approchera de céans, ni médisant ni envieux ; tous ducs, comtes et barons, promettant de rester humbles de cœur et n’acceptant, recevant leurs duchés, comtés ou baronies, que pour couvrir le faible et nourrir l’orphelin.

« Le tout dicté par Merlin l’enchanteur ; en foi de quoi a signé Turpin et paraphé Jacques Bonhomme, lequel a déclaré pour lui et ses hoirs jusqu’à la dernière génération, ne savoir ni lire ni écrire. ».

« Est-ce là ce que vous promettez et jurez ? » dit Merlin au peuple.

Le peuple acclama.

« Et vous, sire roi ?

— Je le jure aussi ! »

Les comtes firent la même réponse. Jacques Bonhomme s’excusa d’avoir taché d’encre le contrat sur ce que la plume était mauvaise. On lui répliqua qu’il eût à faire une croix et qu’on s’en contenterait, ce qu’il fit aussitôt. À peine eut-il mis une croix sur deux barres, il se releva transporté et s’écria, en regardant l’assemblée :

« Voilà donc tout le monde heureux ! Cela est signé et paraphé. »

Et il allait montrant à chacun le parchemin noirci de