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MERLIN L’ENCHANTEUR.

pensifs, qui vont cherchant le meilleur sens de la page laissée par Merlin.

Ce sont les hommes les plus sages, les plus heureux de la terre ; car ils sont dans un commerce perpétuel avec lui. L’œil arrêté sur son écriture magique, ils la couvrent d’annotations, ils en sondent les profondeurs, ils en devinent le mystère ; ignorants du reste du monde.

Véritable paradis, si quelquefois pour une virgule, pour un point oublié, ils n’entraient dans de saintes colères, que les générations se transmettent les unes aux autres ; la paisible cité, pleine de la senteur des foins coupés, retentit d’une guerre de plume, qui ne doit plus avoir de trêve.

Et comment les accuser ? Une lettre de plus ou de moins dans une page de Merlin, et la terre et les cieux sont aussitôt changés.

Mais laissons là ces anciennes rancunes. Oublions-les pour toujours et prenons un autre ton. Aussi bien une voix résonne là-bas, fraîche, émue, au fond des bois. Quelle est-elle ? Enfant, fille, femme ou démon ? Ce que je vais en apprendre, heur ou malheur, couronnera le présent livre.

VII

Apportez-moi des fleurs, mais des fleurs de deuil. Apportez-moi des immortelles ; j’en veux semer sur un tombeau.