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LIVRE VIII.

ment. Il parle, il prie, il adjure ; les armes tombent des mains.

Non content d’apprivoiser les peuples, Merlin panse leurs blessures. Il répand sur les plus envenimées le baume qu’il tenait de Morgan le Breton. Lui-même, il lave leurs plaies dans le fleuve. Surtout, il leur promet de fêter leur réconciliation par quelque grand festin qu’il leur donnera à tous, sitôt qu’il sera rentré en terre de France. Jusque-là, il les priait de vivre en paix, comme ils faisaient à cette heure, couchés à côté l’un de l’autre, sur l’herbe neuve encore ensanglantée. La grande épée d’Arthus, belle, tranchante, aiguë, dormait au milieu d’eux. Déjà les étoiles caressaient leurs visages d’un rayon d’or. Où l’on avait entendu la bataille rugir, le murmure du fleuve interrompait seul le rêve des nations assoupies. Merlin s’assura que le rêve était bon, et, seulement alors, il consentit à les quitter.

C’est ainsi que furent réconciliés les Tudesques et les Français. Heureux si leurs descendants eussent suivi leur exemple !

VI

La nuit venue, Faust emmena Merlin dans sa demeure, au toit aigu, qui était près de là ; et dès qu’ils furent seuls :