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LIVRE VIII.

non, ne reviens pas. J’ai eu tort de te demander de revenir ; je ne le faisais que pour adoucir ta peine qui me semblait trop grande. Pour moi, je ne désirais pas ton retour. Nos caractères sont trop différents, et ma marraine, à laquelle j’ai confié ta dernière lettre, ne consentira jamais à notre mariage. Il vaut bien mieux pour ta gloire, parcourir le monde et y semer tes bienfaits. C’est même là un devoir rigoureux. »

MERLIN À VIVIANE.

« Non, non, il faut repartir et te revoir, t’enlacer de mes bras, expirer sur tes lèvres. Me comprends-tu, Viviane ? Efface les mots que je t’ai écrits, je les efface de mes larmes. La douleur m’avait rendu insensé. Dans ce combat d’orgueil, c’est toi qui as vaincu. »

VIVIANE À MERLIN.

« Ne jouons pas ainsi, Merlin, avec nous-mêmes. La vie est sérieuse. Ne revenez pas, je vous le défends. Si vous êtes assez fou pour reparaître, vous ne me trouverez pas. Vous êtes le roi des sages, et je vous ai reconnu à votre dernière résolution de ne pas me revoir. Vous l’avez dit, la chose est sans remède. Nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre. Que tout soit fini entre nous, même cette correspondance, digne, en effet, d’être confiée à tous les caprices des vents. »