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MERLIN L’ENCHANTEUR.

des paroles aux vents ? N’avez-vous jamais adressé un message par l’étoile du soir ? N’avez-vous jamais confié un adieu, un regret, un salut, ou au moins un soupir, à la voile lointaine du navire qui blanchit à l’extrémité de l’horizon et qui hésite sur son chemin ?

Pour moi je l’ai fait, non une fois, mais cent fois.

D’ailleurs, que sert de raisonner ? Voici, pour trancher la question, l’oiseau qui reparaît en portant la réponse : et sans se lasser, toujours battant de l’aile, donnant à peine le temps d’écrire, il va, revient, repart six fois, tant qu’il y a un message :

VIVIANE À MERLIN.

« Que me fait le grillon ? je n’ai point de foyer. Que me fait le livre magique ? les larmes m’empêchent de lire. Que me fait la mer profonde ? je méprise les perles. Reviens, reviens, Merlin ! j’ai soupiré. Écoute-moi ! »

MERLIN À VIVIANE.

« Revenir, dites-vous ? J’ai réfléchi, Viviane, depuis mon dernier message. Parlez-vous sérieusement ? Qui me répond de votre parole ? N’avez-vous pas tout rompu entre nous ? Je ne saurais l’oublier. Est-ce un nouvel affront que vous me préparez ? »

VIVIANE À MERLIN.

« Tu as raison, Merlin, tu fais bien de rester. Non,