Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur, 1860.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.
257
LIVRE VIII.

III

La barque était à peine sortie du port, une bergeronnette (c’est l’oiseau de magie), arrivant d’outre-mer, tombe sur le pont. Merlin la prend dans ses mains et la réchauffe, toute tremblante, de son souffle. Frappé d’un incident si simple, l’idée lui vient d’en profiter pour envoyer une lettre qu’il projetait d’écrire depuis longtemps, ce qu’il exécuta de la manière suivante :

MERLIN L’ENCHANTEUR À VIVIANE.

« La mer est triste, le ciel immense, le monde est vide ; je te cherche, m’entends-tu ? Si tu regardes du rivage la profonde mer, ou si tu es assise à l’angle de la forêt, ou si tu cueilles l’herbe d’or, ou si tu lis dans le livre magique au sommet de la montagne, ou si tu écoutes le grillon du foyer, souviens-toi de Merlin. J’appelle, réponds-moi ! »


Après avoir écrit ces mots, il les ploie et les attache au cou de la bergeronnette. L’oiseau part en ligne droite et disparait.

Comment, direz-vous, Merlin pouvait-il espérer qu’une lettre ainsi confiée au hasard parvint jamais à Viviane ? Est ce là une preuve de sagesse ?

Et vous-même, ô lecteur, n’avez-vous jamais jeté