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LIVRE VII.

auparavant, Jacques Bonhomme jugea sainement que, pour accomplir sa destinée, il ne pouvait rien faire de mieux que de s’attacher aux pas de l’enchanteur ; ce qu’agréa le bon Merlin.

Jacques demanda seulement un jour ou deux pour prévenir sa famille et faire ses préparatifs. Ils se trouvèrent facilités par la disparition de son petit troupeau que lui avait volé, pendant son absence, une horde de Francs-Gaulois chevelus. Jacques fit à peine attention à cet événement qui l’eût accablé de désespoir dans tout autre moment. Après avoir recueilli le peu de hardes qui lui restaient, il revint auprès de l’enchanteur qu’il trouva à la place où il l’avait laissé.

Depuis ce moment, nul ne vit jamais le sage Merlin sans voir près de lui, tout ébahi d’admiration naïve, Jacques Bonhomme ; et c’est ainsi que cette histoire s’est enrichie de ce personnage au moment même où son apparition pouvait être le plus utile. Un peu plus tôt elle eût été prématurée. Plus tard, elle eût été intempestive. Mais tout arrive en son lieu et à son heure, dans cette histoire, comme dans la nature même.