Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur, 1860.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
LIVRE VII.

au monde ne fut jamais plus crédule que lui), cherche un moment dans sa tête si vraiment il n’a pas rencontré des personnages semblables à ceux dont Merlin lui parle. Malgré sa bonne envie, il ne peut parvenir à se rappeler qu’une seule chose : c’est qu’il a entendu le matin et le soir des chuchotements dans l’endroit le plus épais du bois.

« C’est cela même, dit Merlin.

— Oh ! pour leurs voix, je les ai clairement entendues, reprit Jacques. C’est comme si je les avais vus.

— Précisément ! » s’écria Merlin.

Encouragés réciproquement par ces paroles, tous deux se mettent de nouveau à la recherche des êtres heureux ; et comme le bois n’était pas très-grand, ils l’eurent parcouru dans tous les sens avant la nuit. Mais elle arriva sans qu’ils eussent trouvé la moindre trace de ce qu’ils cherchaient. Sur cela, Merlin comprit, non sans quelque amertume, qu’il avait perdu le don de voir dans le monde invisible, et qu’il était descendu au moins d’un degré de la région emparadisée où il avait vécu auparavant.

IV

Le lendemain, le soleil était très-piquant ; vers midi ils s’assirent à l’ombre d’un grand hêtre pour attendre que la chaleur fût passée. Merlin était à demi anéanti.