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MERLIN L’ENCHANTEUR.

naître une idée tout opposée ? Un jeu de dés, de palets, un cerf-volant, un tambourin, un grelot, et la merveille des cieux n’était plus qu’un chétif homoncule.

Aider la nature dans un sens, la combattre dans l’autre, grande affaire pour une jeune femme telle que Séraphine, presque toujours seule, sans conseil, et qui osait à peine porter le nom de mère.

V

Un jour il jouait aux osselets dans la salle basse, quand sa mère, regardant fixement le cavalier au casque d’or, lui dit : « Conseillez-moi, seigneur. Cet enfant, je vous le jure, est né sans père. C’est un prodige, c’est le fils d’un songe. Dût son éducation me coûter la vie éternelle, je n’y veux rien épargner. Quel plan suivrai-je ? quelle direction ?

— Vous avez raison, dit le cavalier en ramenant sur son visage son manteau rouge. Parlons-en tout à loisir. »

Pendant ce dialogue, Merlin, faisant semblant de jouer, les écoutait.

« Premièrement, reprenait la mère, je sacrifierai tout ce que je possède pour l’initier au christianisme. Déjà je l’ai voué à la vierge Marie. Voilà pourquoi il porte une robe bleue.

— Cela est bien, Séraphine. Si vous m’en croyez, cependant, vous ne négligerez pas de le faire instruire