fougue dans le tempérament, quelques torts légers, quelques inégalités, quelques propos échappés dans un moment de déplaisir, des nerfs irritables, quand souffle le vent du nord, trop d’ardeur peut-être dans ma manière d’aimer, une sensibilité trop exquise, mais jamais un fait grave, cela ne peut-il se pardonner ? Voyons ! cher fils de mes entrailles, place-toi ici, là, plus près, entre nous deux. Fais ma paix avec ta mère. Ramène-la au foyer paternel. La famille ! la famille ! mon cher, voilà le bien suprême ! »
Séraphine, pendant ce discours, tenait son fils embrassé et tremblait de tous ses membres.
« Voilà sa réponse ! dit Merlin ; n’espérez pas la vaincre par la force.
— La force ! interrompit son père. Eh ! mon fils, qui pense à s’en servir ? Ai-je jamais employé envers elle d’autres armes que celles du pur amour ? Persuasion, soupirs, œillades, musique des cobolds, conversations au clair de lune, rêveries, récits de mes longues insomnies, de mes souffrances, de mes guerres lointaines dont j’ai rapporté plus d’une cicatrice : voilà quelles ont été mes armes. Elle me repousse ! elle me laisse me consumer dans ma brûlante solitude ! eh bien ! puisqu’elle le veut, je m’y engloutirai tout seul. Je souffrirai, hélas ! Je sais souffrir ! Elle le veut. J’y consens. Il ne me restera que le foyer désert. Qu’elle aille passer sur la terre des jours heureux ! qu’elle prête l’oreille aux aubades, aux sérénades des jeunes hommes, pendant que moi ici… »