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MERLIN L’ENCHANTEUR.

celui qu’il avait trouvé en entrant et qu’il avait appelé Maximilien.

Il lui dit : « Vois quelle peur tu leur as faite ! Et les fils de leurs fils trembleront de cette même épouvante. Les voilà qui retournent dans la nuit. Que sais-tu s’ils voudront désormais en sortir ? Cache donc le tranchant de l’épée, si tu veux qu’ils reviennent et qu’ils passent. »

Comme lorsque le milan plane dans la nue, tous les oiseaux se cachent et la campagne semble morte, de même tous les esprits appelés à la vie faisaient silence, tant ils craignaient d’être aperçus à la lumière azurée du glaive. Longtemps le prophète les chercha lui-même des yeux sans pouvoir les découvrir. À la fin il les trouva çà et là, tremblants, accroupis sur la terre, et qui rejetaient d’avance le don du jour.

« Ce n’est pas là le chemin, leur dit-il, âmes sordides qui cherchez à vous vendre avant d’avoir vécu. Pourquoi rentrez-vous dans les ténèbres ? Pourquoi repoussez-vous la lumière dorée ? Voulez-vous déshonorer la poussière des ancêtres ? Où voulez-vous reculer ? Le néant est derrière vous. Il est avare et pauvre. Il ne vous achètera pas. Quelle que soit l’épouvante ou vraie ou hypocrite, il faut pourtant passer et entrer dans la vie. Et toi qui es le plus pâle, Maximilien Robespierre, si c’est toi qui gardes le seuil, abaisse ton glaive. Ouvre-leur le passage. Va ! ils n’ont déjà que trop de peur. »

Ils obéirent, mais non pas tous. Il y en eut deux qui refusèrent de baisser le glaive. Ils s’attirèrent par là les paroles suivantes :