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LIVRE III.

Merlin s’avance vers le domaine paternel qui s’ouvre là en spirale. Un moment l’angoisse l’a saisi, quand il a mis le pied sur le seuil.

« Es-tu avec moi ?

— Oui ! »

Et, sentant que l’amour marche avec lui, il entre dans l’enfer ; bientôt il eût voulu le braver.

V

À peine avaient-ils franchi le seuil, un homme vêtu d’une toge et qui portait une houlette couronnée d’épis blonds se place au milieu du chemin.

Il s’écrie :

« Toi qui t’avances ainsi sans peur, es-tu le Florentin que j’attends ? Est-ce toi qui dois chanter l’enfer, le purgatoire et le paradis ? S’il en est ainsi, dis-le-moi, pour que je t’accompagne.

— Ô bon Virgile, répond Merlin, l’heure de celui que tu attends n’est pas encore venue ! Je ne suis pas le Florentin, et pourtant il ne serait pas juste de me dédaigner ; car, moi aussi, je suis comme toi un enchanteur. Fais seulement avec nous le voyage de l’enfer ; il te sera plus facile ensuite de montrer le chemin à celui dont tu dois être le guide.

— Si tu n’es pas le Florentin, tu es donc Merlin l’enchanteur ?

— Tu l’as dit, Virgile, c’est moi qui suis Merlin. »