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MERLIN L’ENCHANTEUR.

Du moins le rossignol n’a jamais oublié qu’il a épousé la rose.

III

Les fleurs de la fête n’étaient pas encore toutes fanées, les chanteurs n’étaient pas encore tous désaltérés, quand un bruit de trompes et d’olifants, mêlé d’un cliquetis de glaives et de francisques, ébranla les portes de la salle, qui heureusement étaient de bois de chêne, cuirassés de bronze.

« Holà ! s’écria Merlin, les téméraires ! qui les a invités ? Ce n’est pas moi. Ils viennent avant l’heure. Je les attendais, mais seulement à la saison d’hiver. »

Un valet, nommé Gui de Nanteuil, s’informa dans la rue d’où provenait ce tumulte. On apprit par lui la nouvelle de la prochaine arrivée des barbares. Fatigués de la route, mal nourris, plus mal vêtus, ils se faisaient annoncer de loin, à l’avance, par quelques estafiers, batteurs d’estrade, afin que le monde eût le loisir de leur préparer le gîte.

Au moment où cette nouvelle fut rapportée à Merlin, il était assis et tenait de sa main droite un hanap d’argent rempli d’un vin vermeil ; il allait le porter à ses lèvres. Soudain il se ravise ; il dépose sa coupe, pleine encore, sur le bord de la table ; et tout radieux, prenant conseil de sa bonne humeur hospitalière, il se lève :