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LIVRE III.

secrète de cœur, d’esprit, de goût, quelquefois de visage, et que la nature avait destinés l’un à l’autre. Que leur demandait-il ? une seule chose, la sincérité. En revanche, il leur promettait d’écarter les obstacles qui pouvaient les séparer ; différences de conditions ou de naissance, malentendus, préjugés de famille, opiniâtreté des parents ou des tuteurs, fortune d’un côté, infortune de l’autre. Même les brouilleries, pourvu qu’elles ne fussent qu’un dépit, tout cédait à Merlin.

Eux réunis de tous les points de la terre, il leur demanda s’ils s’acceptaient mutuellement pour époux ; à quoi ils répondirent : « Oui. »

Sans autre informé, il célébra avec une magnificence égale les noces du rossignol et de la rose, et celles d’une quantité innombrable de couples, parmi lesquels la Belle au bois dormant et son chevalier, madame de Vergy et le sire de Coucy, Érec de Nantes et Énide, Perceval le Gallois et Blanchefleur, Antar le Nègre et sa cousine Ablla, Marco le Serbe et Rosanda, des émirs et des Almées, Aladin et la sultane, plusieurs fées, autant de princes, vingt bergères et vingt rois. Nul n’avait besoin de produire ni parchemins ni titres ; l’avoir de tous était censé le même.

Les musiciens réunis pour les épousailles des uns servirent aux épousailles des autres. C’était d’abord un millier de roitelets, deux milliers de tourterelles, trois cents fauvettes, autant d’alouettes des bois. Six-vingts verdiers et pinsons, autant de tarins, détachaient par