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LIVRE III.

Robinson. Vous y eussiez vu non-seulement l’assiette générale du pays, mais aussi distinctement les points d’abordage, les criques, les falaises, les anses, bref tout ce qui peut faire éviter un naufrage, ou même le rendre profitable. Après quoi, il prit congé de nos deux aventuriers en leur souhaitant un bon voyage.

Pour lui, il se retira le cœur content, l’esprit plus satisfait de cette journée que d’aucune autre. Toutefois il eut soin d’avertir ceux qui le suivaient de ne pas essayer de franchir la barrière. Quelques-uns lui désobéirent ; trop impatients d’entrer dans le monde réel, Roland, Hamlet, Don Quichotte, Manfred, se précipitèrent sur ses pas. Pourquoi se jouèrent-ils du fil d’araignée qui leur servait d’enclos ? À peine ils l’ont touché, ils tombent renversés en arrière. Et depuis ce jour-là, ils inclinent au vertige. Ce fut le premier deuil dans le monde des heureux ; mais cette tristesse ne dura qu’un moment.

II

C’était alors le mois de mai. Force messagers, envoyés de tous côtés, publiaient que les noces du rossignol et de la rose, si longtemps différées, seraient célébrées cette année-là. Ordre à chacun de se rendre au cortége. Déjà la terre avait pris sa robe de mariée.

Le hasard voulut que les messagers rencontrèrent Merlin comme il sortait du hallier :