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PREMIÈRE ARGUMENTATION.

l’animal vertébré, et je me suis rendu compte de la situation respective de ses organes.

« Il est vrai que dans cette position, la mâchoire la plus saillante du poulpe répond à la mâchoire supérieure du mammifère ; mais pour le conclure décidément, il faudrait que le cerveau fût placé vers l’entonnoir, comme il l’est dans le mammifère vers la nuque. Or, c’est tout le contraire : le cerveau du poulpe est vers la face opposée de l’entonnoir.

« Voilà déjà un terrible préjugé contre l’idée que l’entonnoir est un bassin replié vers la nuque.

« Mais continuons. Pour que ce côté sur lequel se replie l’entonnoir fût le côté de la nuque, il faudrait encore que l’œsophage passât entre ce côté et le foie, comme on le voit dans les mammifères ; mais c’est encore tout le contraire ; il passe du côté opposé, du côté que nous appelons dorsal…, etc.

« Je le demande maintenant : comment, avec ces nombreuses, ces énormes différences, en moins d’un côté, en plus de l’autre, pourrait-on dire qu’il y a entre les céphalopodes et les vertébrés identité de composition, unité de composition, sans détourner les mots[1] de la langue de leur sens le plus manifeste ?

  1. Il faut s’entendre sur la valeur des termes : faisons ce qu’on a si bien recommandé dans le cours de la présente argumentation. J’admets les faits ici posés ; mais en même temps je nie qu’ils conduisent à l’idée d’une autre sorte de composition animale. Les mollusques avaient été trop haut remontés dans l’échelle zoologique : mais si ce ne sont que des embryons de ses plus bas degrés, s’ils ne sont que des êtres chez lesquels beau-